Par Julie Calvé pour l’Alliance 2030

Juin 2017 : une onde de choc traverse le pays. Le Canada se classe au 25e rang, sur 41 pays, quant au bien-être de ses enfants, selon le rapport Innocenti 14, de l’UNICEF. Et le bilan s’alourdit en examinant le détail : 31e rang pour le taux de suicide, 33e pour le taux d’infanticides, 37e en sécurité alimentaire…

Un cruel cadeau d’anniversaire : en 2017, le Canada célèbre 150 ans.

Le rapport confirme les observations de nombreux citoyens et organismes, dont la Fondation du Grand Montréal. Il y a urgence d’agir. Mais comment?

Au même moment, la FGM révise la structure des Signes vitaux du Grand Montréal, sa publication-phare biennal, qui dresse le bilan de santé des communautés montréalaises. Quelle approche adopter pour mieux cibler les enjeux locaux? Comment traiter de ces questions dans le contexte du 150e du Canada et du 375e de Montréal?

Plutôt que de s’apitoyer sur le passé, la Fondation fait le pari de regarder vers l’avenir, en plaçant le bien-être des enfants au cœur de son édition 2017. Le rapport Innocenti sert de modèle parce qu’il intègre et adapte les cibles des Objectifs de développement durable dans l’évaluation du bien-être des enfants.

« On s’est fait reprocher d’être contre beaucoup de choses, contre l’itinérance, contre la pollution, contre la faim, explique Yvan Gauthier. Les gens nous interpellaient : ‘mais vous êtes POUR quoi?’ Les Objectifs de développement durable sont apparus comme cette réponse positive à nos efforts pour améliorer la situation. On est pour Faim ‘Zéro’, on est pour une alimentation saine, on est pour un environnement durable, on est pour une éducation de qualité. On est pour tout ce qui représente les Objectifs de développement durable. »

Autres avantages : les comparatifs. En reprenant la méthode du rapport Innocenti, Signes vitaux peut maintenant situer le Grand Montréal sur une échelle canadienne et, plus encore, permettra de suivre étroitement l’évolution de la situation. On est au cœur même de la définition de développement durable.

 

Des objectifs se modelant aux réalités locales

Janvier 2018 : le conseil d’administration de la FGM adopte une orientation ODD dans son plan stratégique 2018-2021. L’approche peut dès lors se déployer dans l’ensemble des activités de l’organisation, y compris à travers ses programmes. L’idée de se joindre à un mouvement planétaire, qui partage des objectifs communs, apparaît aussi « extrêmement stimulante », et ce non seulement pour le conseil d’administration, mais pour tous les employés, selon M. Gauthier.

Des objectifs communs, certes, mais à géométrie variable, se modelant aux réalités locales. Un exemple : le taux d’insécurité alimentaire chez les familles avec enfants de la grande région montréalaise est l’un des plus élevés au Canada : 11 %, contre 8 % pour l’ensemble du pays. « Ça a été un choc pour nous et pour toute la communauté. C’était évident qu’on allait creuser cet enjeu. »

La Fondation a réuni l’ensemble des acteurs concernés — gouvernements, ville, agence de la santé, banques alimentaires, fondations, etc. — autour de l’initiative Faim « Zéro » à Montréal. En mettant de l’avant une approche éco-systémique, on a développé une véritable cartographie de cet enjeu sur le territoire. La phase 1 de ce projet, le Métaportrait des publications portant sur la sécurité alimentaire à Montréal depuis 2006, a été publiée en octobre 2018.

 

Un impact collectif

La publication de ce portrait n’est que la première étape d’une démarche concrète, menée par ce que le pdg qualifie de « Task Force ». « Nous voulons être capables d’identifier les enjeux les plus importants, et autour de ces enjeux, avoir des gestes et des investissements collectifs. »

Dans ce même esprit partenarial, la Fondation s’assoit à la même table que huit autres fondations actives dans la métropole autour du Projet Impact Collectif, initié par Centraide. Ce projet de plus de 21 millions de dollars, investis par les fondations partenaires, vise à réduire les impacts de la pauvreté en misant sur le renforcement des compétences des communautés locales.

En cohérence avec ses propres actions, la FGM a également intégré cinq Objectifs de développement durable à son propre Programme d’initiatives communautaires. Les projets devaient se rattacher à au moins l’un de ces Objectifs pour être sélectionnés.

Un exemple à suivre pour les autres fondations et organismes communautaires? « Ce n’est pas bien compliqué de prendre un, deux ou trois objectifs, et de se dire, nous, on va travailler là-dessus, selon les préoccupations de nos communautés », fait valoir le pdg, en s’appuyant, notamment, sur la disponibilité et la richesse de la documentation existante. 

« On se retrouve projeté dans un travail solidaire, à l’échelle canadienne et internationale. C’est extrêmement stimulant d’oeuvrer de cette manière, de rejoindre des actions de changement réel pour notre planète. »