Sur les pages les plus sombres des livres d’histoire canadienne, vous trouverez les mots «génocide culturel», la destruction systémique d’une langue, des traditions, des valeurs et d’autre caractéristiques rendant un groupe culturel différent des autres. L’expression s’applique à l’héritage honteux des pensionnats autochtones: des institutions financées par l’appareil fédéral et administrées par l’Église qui ont séparé 150 000 jeunes Autochtones de leurs familles en vue de les assimiler à la culture chrétienne. De la mi-18e siècle aux années 1970, jusqu’à 6 000 étudiants de ces institutions sont décédés de la tuberculose, de malnutrition et d’autres maladies. De nombreux autres ont été victimes d’abus physique et sexuel.
En 2008, Stephen Harper a présenté les excuses du pays pour la plupart (mais pas l’entièreté) de ces actions. Son gouvernement a également fondé la Commission de vérité et de réconciliation du Canada (CVR) pour enquêter sur les pensionnats. Le rapport final de la CVR, publié en 2015, énumérait 94 recommandations reliées au bien-être des enfants, à la justice, à l’équité et plus. Encore aujourd’hui, il reste beaucoup de travail à accomplir.
Pour ce faire, la phrase «Namwayut—nous sommes un» est devenue l’énoncé de mission de Réconciliation Canada, un effort populaire visant à renforcer les liens entre Autochtones et l’ensemble des Canadiens. Cette année, l’organisme de Vancouver se concentrera sur Réconciliation en action: une stratégie d’engagement nationale, un plan à plusieurs facettes visant à reconnaître le passé, prendre acte du présent et préparer l’avenir.
«C’est un mouvement qui trouve écho partout au pays en ce moment. C’est plus grand que nous», dit Michelle Cho, directrice des communications, du marketing et des relations avec la communauté de Réconciliation Canada. «C’est pour nous une occasion d’apprendre, de regarder les 150 années passées afin de déterminer comment on veut améliorer les relations les uns avec les autres pour les 150 prochaines.»
La stratégie, lancée en 2016, a déjà mené à plusieurs rassemblements de personnes-clés de diverses communautés à Whitehorse, Vancouver, Saskatoon, Winnipeg, Montréal et Membertou, en Nouvelle-Écosse. Ces événements accueillent quelques centaines de participants, et chacun inclut un panel composé de survivants des pensionnats. «Chaque rassemblement est différent», dit Michelle Cho. «On travaille très fort afin de créer un espace permettant aux participants de se sentir à l’aise de discuter, de partager leurs expériences, de s’exprimer collectivement sur la réconciliation et sur les façons dont ils veulent aller de l’avant dans leurs champs d’influence.»
Réconciliation Canada a également produit un sondage en ligne qui invite tous les Canadiens à partager leurs opinions sur ce sujet important, ainsi que des Plans d’action personnalisés pour la réconciliation, qui permettent de télécharger, d’imprimer et de porter sur soi des vœux personnels en lien avec la réconciliation. Déjà, on voit de beaux exemples, comme «Apprendre à dire “bonjour”, “comment allez-vous”, “beau”, “merci” et “au revoir” en Lekwungen» et «Encourager mes proches à utiliser les bons termes et leur expliquer pourquoi certains mots sont à laisser de côté».
Cette année, la stratégie d’engagement nationale inclura une «table d’idées» sur la réconciliation (avec espoir de la voir télédiffusée), un rapport écrit sur les interprétations de la réconciliation, des célébrations dans les centres urbains (des marches sont notamment prévues à Vancouver, Winnipeg et Toronto cet automne) et plus.
«Le but de Réconciliation Canada est de catalyser l’action. On voit des municipalités faire des proclamations, des enseignants ajuster leurs cursus» ajoute Cho. «L’action locale et communautaire est une belle chose à voir et une bonne mesure du progrès que l’on fait dans cette longue et complexe aventure.»
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Photo par Dave Chidley