Warren Lake enseigne les sciences naturelles depuis 18 ans, mais il estime que les élèves doivent plus que jamais parler ensemble au sujet des questions environnementales en Alberta.
« À Calgary, les enfants sont vraiment coupés de leur espace naturel, dit-il. Nous avons une génération d’enfants qui ont un “trouble déficitaire de la nature” [ils ne se sentent pas liés à la nature]. J’ai emmené en randonnée des enfants qui n’en avaient jamais fait. Ils demeurent à Calgary et ne sont jamais allés dans les montagnes. »
Il croit aussi que le fossé entre les jeunes et leur environnement s’élargit. Cette année, il a fait des randonnées en montagne avec des élèves (comme il le fait depuis des années) et il a constaté que beaucoup d’entre eux avaient de la difficulté dans les pentes abruptes, ils ne pouvaient tout simplement pas descendre.
« C’est probablement la première génération d’enfants qui n’ont jamais joué. Ils étaient incapables de négocier une pente descendante. »
Mais Warren croit fortement en cette génération. En fait, il pense qu’un grand nombre de ces jeunes vous impressionneraient s’ils avaient la chance de vous communiquer ce qu’ils savent.
« Une des choses que nous essayons toujours de faire, c’est de donner aux enfants la chance de jouer le rôle de mentor et de partager avec des gens ayant les mêmes idées qu’eux, car ils sont souvent isolés. Ils peuvent ainsi réaliser qu’ils ne sont pas seuls et qu’il y a beaucoup d’autres personnes qui s’intéressent à ces questions. »
Une telle occasion a été donnée grâce à l’organisme Alberta Council for Environmental Education (ACEE) : avec l’aide du Fonds communautaire pour le 150e anniversaire du Canada, ce conseil a lancé l’initiative 150 Ways Schools Show Climate Leadership (150 façons pour les écoles d’exercer un leadership en faveur du climat), un congrès jeunesse où les élèves ont partagé leurs idées sur la façon de rendre leurs écoles et leurs collectivités plus vertes.
« Ils étaient totalement attentifs et très contents d’être ici, et vraiment fiers de leur travail, dit Christina Pickles, coordonnatrice de programme pour l’ACEE. Les élèves de différentes écoles pourraient partager toutes sortes d’idées et de connaissances. »
Si une première étape vise à ce que les élèves communiquent leurs nouvelles connaissances et leur enthousiasme à leurs écoles respectives, la prochaine étape est de communiquer tout cela à leur collectivité.
« Je crois que, pour ces élèves, ces projets auront un impact à plus long terme, déclare Warren. Ils réalisent que leur travail consiste à investir dans leur avenir. Les idées qu’ils ont mises en application avec moi les préparent à une éducation postsecondaire. »
Des douzaines d’étudiants du programme de Warren se sont lancés dans une carrière en foresterie, en aménagement des ressources d’eau, et en divers autres domaines liés à la préservation de l’environnement.
Une composante du congrès jeunesse était la participation de leaders communautaires qui pouvaient observer ce que font les enfants de leur localité pour aider à résoudre les problèmes environnementaux. Et mieux encore, ils ont écouté.
« Le discours a passablement changé en Alberta dernièrement, dit Christina. La présence, au congrès, de conseillers scolaires et de deux députés a assuré une bonne représentation de groupes qui prennent des décisions importantes pour les écoles. »
C’est lorsque les idées de ceux qui sont sur le terrain trouvent un écho chez les décideurs de haut niveau que des changements peuvent s’effectuer. Mais de tels échanges se produisent rarement de façon spontanée.
« Il faut organiser de tels échanges, dit Warren. Ce n’est pas facile de trouver des locaux suffisamment grands pour accueillir tant de gens. Mais lorsque vous réunissez tous ces gens, le résultat est étonnant. »
S’il est difficile d’ouvrir la voie à une action environnementale, cette génération pourra au moins unir ses forces.