En avril 2017, Jeffrey Sachs, économiste américain et conseiller spécial du secrétaire général des Nations Unies, a été conférencier à l’Université de Waterloo lors de l’événement TD Walter Bean Lecture on the Environment. « La situation est grave à différents égards, et il nous est difficile de le réaliser », a-t-il déclaré à l’auditoire lors de cette conférence à guichet fermé où il a lancé un signal d’alarme puis un message d’espoir, pour ensuite parler de stratégie en vue d’améliorer les conditions de vie dans le monde. En mai 2018, Jeffrey Sachs est retourné dans cette ville ontarienne afin de présenter au Canada le Réseau des solutions pour le développement durable (SDSN : Sustainable Development Solutions Network) des Nations Unies, et ainsi aider à mettre en application ses propos.

Le SDSN est un réseau international regroupant 850 établissements postsecondaires, organisations de la société civile et ONG, et comptant 26 chapitres nationaux et régionaux à travers le monde. Le but visé est de travailler ensemble afin d’aider les pays à mettre en œuvre les Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU.

Selon les indicateurs de l’ONU, le Canada tire de l’arrière dans la concrétisation des ODD. Nous occupons le 26e rang parmi 156 États, derrière l’Europe du Nord et les démocraties développées du Pacifique que sont la Nouvelle-Zélande, le Japon et la Corée du Sud. L’ONU suggère — et SDSN Canada appuie cette analyse — que nos faiblesses dépendent de nos engagements en faveur du climat, de notre traitement de l’habitat faunique tant sur terre que dans l’eau, et du degré de durabilité et d’inclusivité de nos villes. Et ce qui est crucial, les indicateurs suggèrent également que nous n’avons pas bâti les partenariats fondamentaux qui contribuent à atteindre ces objectifs interreliés. La mise sur pied de notre propre chapitre SDSN est un pas important dans cette direction.

Pendant sa première année d’existence, SDSN Canada a relié 23 institutions membres qui s’intéressaient aux besoins du Canada en matière de développement durable — ces institutions vont des départements universitaires de génie et des grandes écoles de gestion jusqu’à des organisations de la société civile, par exemple la 4-H Foundation of Alberta. À long terme, le chapitre veut développer un programme de recherche axé sur les ODD, et aider à faciliter la recherche de ses membres tout en améliorant leurs communications avec le gouvernement et avec le public.

Pour le moment du moins, SDSN Canada est un petit organisme, géré uniquement par Jon Beale. L’organisme a cependant accès aux ressources de l’établissement qui l’accueille : la School of Environment, Enterprise and Development de l’Université de Waterloo. Et, en ce qui a trait aux politiques relatives à la conservation et à l’énergie, le chapitre est conseillé par des figures bien connues, notamment l’ancien maire de Toronto et actuel président et chef de la direction du World Wildlife Fund-Canada, David Miller, et l’économiste environnemental Marc Jaccard de l’Université Simon Fraser.

À la suite d’un sondage effectué en 2017, l’Association canadienne pour les Nations Unies concluait que seulement 11 pour cent des Canadiens avaient entendu parler des ODD. En conséquence, SDSN Canada a donné la priorité à l’éducation et aux communications relatives au développement durable, ce qui constitue l’une de ses quatre préoccupations principales. SDSN Canada prépare plusieurs projets de sensibilisation, par exemple la production de matériel pour améliorer les programmes de développement durable des établissements postsecondaires, et veut consulter les provinces afin que soit donnée une plus grande place au développement durable dans les salles de classe, de la maternelle à la fin du secondaire.

Bien que le Canada marche sur les traces de bon nombre d’autres pays riches, Jon Beale estime qu’il y a des avantages à former un chapitre SDSN après d’autres pays. Certains chapitres régionaux et nationaux se targuent de succès dont SDSN Canada peut s’inspirer afin de générer rapidement des changements. Par exemple, le chapitre SDSN qui regroupe l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Pacifique a bâti des relations fructueuses avec le gouvernement fédéral australien; celui-ci considère maintenant que l’expertise du réseau est une ressource précieuse pour évaluer ses propres progrès.

Un des succès de SDSN USA a particulièrement retenu l’attention de Jon Beale. De 2014 à 2017, les Villes de New York, Baltimore et San Jose se sont associées au chapitre SDSN USA (coprésidé par Jeffrey Sachs) dans le cadre d’une initiative, la Sustainable Cities Initiative, qui s’est efforcée de déterminer les meilleures pratiques pour intégrer les ODD à l’urbanification. Conseillée par SDSN USA, la Ville de New York est devenue depuis un leader relativement à la collaboration autour des ODD, et a soumis son examen local volontaire au Forum politique de haut niveau pour le développement durable (ONU) — c’est la seule Ville à avoir présenté un tel rapport.

Selon Jon Beale, SDSN Canada prévoit piloter des projets semblables dans un proche avenir. Le chapitre collabore présentement avec Statistique Canada afin d’élaborer un indice de développement durable pour les municipalités canadiennes, et s’emploie à fournir de nouveaux types de données exploitables aux élus municipaux, aux urbanistes et aux leaders communautaires. Quoique ce projet en soit encore aux stades de la planification, de telles initiatives favoriseront une plus grande coopération entre différents ordres de gouvernement et aideront à faire en sorte que, au-delà de 2030, il y ait un avenir viable et sécuritaire à planifier.